novembre 2018

Le collectif Pas d’Avenir Sans Avenir vous invite à une fête pour l’anniversaire de ses trois années d’occupation, d’activités et d’expérimentation sociale hors-cadre ; trois années d’échanges, de dialogues riches de sens et parfois complexes du fait de la diversité des participant-e-s et qui s’inscrit dans une lutte de réappropriation de la ville par les personnes concernées : celles et ceux qui l’habitent.
Quoi de mieux pour cela que de se retrouver autour d’une pizza, d’un verre, d’un concert, d’un vinyle qui tourne sur la platine !? d’une boum-fm pirate jusqu’au bout de la nuit dans les alentours … (pour ce dernier point, nous vous invitons à prendre avec vous un poste radio à piles)

Rendez-vous à l’Avenir, place guérin à Brest, le vendredi 16 novembre à partir de 18 h et jusqu’à minuit !

Les bénéfices de cette soirée iront à une caisse de soutien aux inculpé·e·s de la Plaine à Marseille.

Infos ici : https://mars-infos.org/caisse-de-solidarite-pour-les-3473

 

Soirée organisée par un collectif de personnes solidaires.

Soutien aux inculpé·e·s pour délit de solidarité (Gap, Briançon).

plus d’infos :  http://cqfd-journal.org/Des-peines-de-prison-requises

PLAINE GUEULE !

En juin dernier, nous avions accueilli les collègues de l’Assemblée de La Plaine de Marseille, lors de l’anniversaire des 15 ans de CQFD, journal de critique et d’expérimentation sociale. Nous avions échangé à propos de la résistance face à la gentrification de nos quartiers.

À Marseille, le quartier de la Plaine est frappé par un projet dit de « requalification urbaine », ou « montée en gamme ». En d’autres termes, chasser la plèbe et ses pratiques coutumières qui ne rentrent pas dans le cadre de la carte postale de la spéculation immobilière et touristique. Marseille et Brest, métropoles portuaires et populaires, subissent la même logique marchande caractérisée par l’uniformisation urbanistique comme arme de destruction massive des liens sociaux. Projets imposés, politique de la table rase de l’existant, flambée des prix de l’immobilier au profit d’hypercentres aseptisés et minéralisés où la flânerie, le jeu et autres usages désintéressés n’ont guère droit de cité.

Mardi 16 octobre, plusieurs arbres de la place Jean Jaurès, haut lieu phocéen du marché forain populaire condamné par le projet, ont été massacrés. Ceci grâce à l’appui violent de nombreuses forces de l’ordre faisant face à l’impuissance, la tristesse et la rage des gens du quartier. En 2004, à Brest, un plan controversé d’abattage des arbres de la place Guérin avait été fermement combattu et abandonné sous la pression des habitants et habitués de cet espace public. Une piqûre de rappel à la vigilance s’impose…

En hommage symbolique et solidaire à la résistance marseillaise, une banderole a été installée entre deux arbres de la place. Le collectif brestois « Pas d’avenir sans Avenir » affirme ainsi son soutien indéfectible aux luttes pour des villes vivantes, populaires et à échelle humaine.

Le Collectif « Pas d’avenir sans Avenir »
Brest, le 17 octobre 2018.

Une crèche à l’Avenir ?

«L’avenir n’existe qu’au présent.»
Scutenaire Louis, 1905-1987,
Mes inscriptions II, Bruxelles 1976

La lecture de la presse locale cet été 1 nous aura au moins renseignés sur les intentions de nos édiles concernant le site de l’Avenir. Une crèche ! C’est urgent, nous dit-on. Peut-on décemment s’opposer à un projet de crèche ? À propos, s’agit-il seulement d’être contre ? La manœuvre a déjà été utilisée par d’autres municipalités afin de chasser du paysage des activités sociales et culturelles largement partagées (cf. le marché de Noailles, à Marseille, la salle de La Cité, à Rennes, ou une mosquée à Nice, etc.). Brest n’échapperait donc pas à la tendance. Douze ans après la décision du conseil municipal de reconstruire une salle de quartier sur le site de l’Avenir, deux ans après l’abandon d’un projet immobilier aussi ubuesque que bancal, c’est aujourd’hui un projet de crèche qui sort du chapeau !

Létude de besoin réalisée entre 2003 et 2005 auprès des structures associatives du quartier a souligné la nécessité d’un lieu de vie proche de la place Guérin. En octobre 2015, les décideurs municipaux ont préféré s’asseoir sur le résultat de cette étude, qu’ils avaient pourtant commandée, et céder le terrain de l’Avenir à un promoteur immobilier privé. Après neuf années d’inaction, ce sont donc les habitants, en tête, qui ont décidé de reprendre en main le site de l’Avenir. Ils y organisent des activités correspondant aux envies exprimées (donneries, concerts, repas de quartier autour du four à pain). Bref, ils édifient « leur » salle de quartier, palliant ainsi les reniements de la municipalité.

Depuis bientôt trois ans, l’Avenir est redevenu un espace social et de culture populaire, qui rayonne de rencontres, de partages riches et variés. Prenant à rebours un « vivre ensemble » désincarné, prôné dans les plaquettes luxueuses de la propagande glacée de la Ville, les usagers de l’Avenir  collectivement responsables – entendent bien y poursuivre cette chaleureuse aventure, pour le plaisir des petits et des grands.

Le collectif «Pas d’avenir sans Avenir» s’interroge sur le bien-fondé et la pertinence du projet envisagé :

 Quels véritables intérêts se dissimulent derrière la volonté des élus de détruire un espace dédié à l’usage commun, désormais ancré de façon pérenne dans les mœurs, us et coutumes du quartier ?

 En connaissance de cause, l’association Don Bosco aurait-elle spontanément proposé un projet de crèche sur la parcelle de l’Avenir ?

 Il existerait soi-disant une forte demande de places de crèche en centre-ville, particulièrement place Guérin. Sur quelle étude officielle de diagnostic du territoire en matière de petite enfance repose donc ce présupposé ? Les professionnels de ce secteur ont-ils été consultés ?

Un appel d’offres vient, étonnamment, tout juste d’être ouvert en juillet… Il reste encore au minimum sept mois à attendre avant de savoir quel quartier du centre-ville manque véritablement d’infrastructures destinées à la petite enfance – sachant que, selon la CAF, un tel projet n’est pas justifié place Guérin.

Pourquoi – et au compte de qui ? – a-t-on sollicité un cabinet d’architecture chargé de réaliser des plans de construction, et ce, avant même les résultats d’une quelconque étude ?

 Soucieux de l’intérêt commun, pourquoi ne fait-on pas appel au bon sens, en commençant par répertorier les terrains les plus adaptés parmi les colossales réserves foncières des organismes de la ville et de la métropole que sont BMH, BMA, SEMPI… (notamment les bâtiments laissés vacants des rues Mathieu-Donnart, Boileau ou d’Alembert, par exemple)? Ne serait-il pas plus pertinent d’envisager une crèche à proximité du PL Guérin – dont nous sommes partenaires et solidaires , et qui par ailleurs manque cruellement de locaux pour ses activités ?

D’autres questions, tout autant judicieuses, ne manqueront pas d’être portées lors d’une probable mascarade de consultation de la population de Saint-Martin – puisque, comme d’habitude, tout semble être décidé d’avance.

Bien entendu, si ce projet venait à être maintenu, il ferait très certainement l’objet d’oppositions déterminées et d’actions visant à le contrecarrer.

À suivre…

Collectif « Pas d’avenir sans Avenir », le 11 octobre 2018.
Site officiel : avenir-brest.fr