Quelques nouvelles

Tout d’abord nous tenons à remercier toutes les personnes qui sont venues en soutien lors de la réunion publique 1 en décembre. C’était un moment fort en émotions et qui donne de l’énergie ! Pour l’instant, le collectif n’a pas de nouvelles infos sérieuses sur l’avancée de leur projet. A part ce qu’on a lu dans la presse (à savoir que Don Bosco a pas l’air super en confiance pour continuer le projet)… On vous tient au courant.

Et, en vrac:

–  SAMEDI 19/01, dès 14h + DIMANCHE 20/01, dès 10h, Chantier collectif (Finir les tranchées si ce n’est pas déjà fait, et couler le béton. Après séchage, il y aura des murettes en parpaings à poser : ce sera la base des murs en paille)

– SAMEDI 26/01, dès 13h, fournée de pains & repas de quartier + contes adultes/tout public sur le thème du travail.

– Le livre « CANTINES – précis d’organisation de cuisine collective » vient d’être réédité, avec une interview de membres du collectif à propos du four à pain à l’Avenir. On peut trouver le livre chez le bouquiniste, place guérin.

A bientôt, portez-vous bien!

Le collectif

Prise de parole du collectif,
réunion publique du 18/12/2018

Ce soir, la mairie convoque les habitants du quartier pour présenter « l’état d’avancement » du projet dont nous entendons des échos depuis un certain temps déjà, au travers de bruits de couloirs ou par quelques indices distillés dans la presse. Le collectif pas d’avenir sans Avenir note qu’une fois de plus, ce projet s’est construit dans l’opacité la plus totale, piétinant une nouvelle fois la décision prise en conseil municipal en 2006 de reconstruction de notre ancienne salle de quartier.

Comment ne pas rire jaune devant les grands discours politiciens sur la participation des habitants, quand on nous présente un projet visiblement déjà décidé ?

Ici, place Guérin, il est bien connu que nous n’avons pas l’habitude de nous laisser faire. Dans la continuité de l’histoire populaire de la ville, la lutte pour la salle de l’Avenir est marquée depuis presque 15 ans par la volonté des habitants de s’organiser pour peser sur ce qui les concerne directement. Ainsi, malgré des moyens dérisoires, nous avons reconstruit une salle de quartier qui, sans être parfaite, a le mérite d’être à l’image de la place : parfois bordélique, toujours accueillante et solidaire. Face à ça, la municipalité a préféré nous ignorer, même lors des réunions publiques organisées par le collectif. Pire, elle tente aujourd’hui de monter différentes forces vives du quartier les unes contre les autres.

Face à des pratiques moyenâgeuses de décisions imposées par la ville de Brest, l’Avenir est devenue une aventure humaine collective, horizontale et ouverte, d’organisation par le bas d’habitants, d’habitantes et d’habitués de la place Guérin, du quartier Saint-Martin et au-delà. Ensemble, en discutant, en partageant des savoirs, en s’engueulant parfois, nous avons montré que contrairement à ce que notre maire semble penser, l’idée de quartier fait encore sens. Ce dont il est question, c’est d’habiter un quartier, au sens plein du terme. Ça n’est pas seulement dormir quelque part, c’est avoir ici des habitudes, des attaches, des voisins, des camarades et des amis. C’est aussi savoir agir ensemble quand c’est nécessaire.

Le porteur de projet doit bien avoir conscience de la nature du terrain dont la mairie entend lui faire cadeau. Il y a trois ans, nous avons lutté contre un absurde projet immobilier, annoncé là encore en toute discrétion, et que le quartier a refusé en bloc. À l’époque, la priorité ne semblait pas être la construction d’une quelconque crèche d’ailleurs. Mais peu importe, il est simplement indécent qu’un nouveau projet privé, quelle que soit sa nature, vienne tirer profit de notre lutte. Nous ne laisserons pas non plus le four à pain que nous avons construit, servir de caution participative à un nouveau projet décidé sans nous.

Surtout, ce qui est ici une évidence pour tout le monde, demeure niée par nos élus : le terrain dont nous parlons n’est pas libre, loin de là. La vitalité de l’Avenir et son caractère aujourd’hui incontournable dans la vie du quartier ne sont plus à prouver. Il suffit d’observer les allers et venues entre la place et l’Avenir, d’écouter les discussions dans le quartier pour conclure que ce lieu est définitivement intégré dans l’écosystème de la Place. Chaque fournée de pain, chaque repas de quartier, chaque projection de film et chaque soirée témoignent de la nécessité d’un espace commun tel que celui-ci à Brest. À quasiment toutes les réunions hebdomadaires du collectif, de nouvelles personnes viennent proposer leurs idées, simplement parce que beaucoup de choses qui se passent ici ne pourraient se faire ailleurs.

Il y a quelque temps, nous avons eu vent d’un projet de « pôle social ». C’était oublier le rôle social que l’Avenir a déjà dans le quartier. Celles et ceux qui sont déjà venus le savent, l’Avenir est un espace où les personnes ailleurs marginalisées peuvent prendre part à la vie collective et être considérées comme des individus à part entière. L’importance accordée aux événements à prix libre ou gratuits s’inscrit dans cette même logique d’accessibilité pour le plus grand nombre. De même, les personnes en exil expulsées par Brest Métropole Habitat des maisons occupées du Forestou ont été ici accueillies à bras ouverts, malgré des conditions difficiles. Beaucoup de voisins sont passés à l’Avenir à ce moment-là, déposer de la nourriture, des vêtements, aider comme ils le pouvaient.

Aujourd’hui, il semble que le projet qu’on nous présente ait été remodelé dans une version conforme au rêve de la municipalité de voir les plus modestes et les plus turbulents quitter le centre-ville.

Mais pour des associations, des collectifs, pour les habitués des bistros, les boulistes assidus, pour les Guérinois et Guérinoises endurcis, comme pour les curieux de passage, pour celles et ceux qui ne reconnaissent plus leur ville dont on veut changer le visage à marche forcée, l’Avenir n’est pas qu’un hangar autoconstruit, c’est une véritable bulle d’oxygène. Il est rageant que des décideurs qui n’ont aucune idée de la richesse de ce qui se vit ici viennent une nouvelle fois menacer nos manières d’habiter la Place.

Il est encore plus rageant d’imaginer la mairie utiliser un organisme privé à vocation sociale comme prétexte pour stopper la belle dynamique que nous avons mise en place à l’Avenir, sans aucune considération pour notre histoire commune.

D’autant que nous pouvons nous interroger. La métropole dispose de réserves foncières conséquentes dans le quartier ou à proximité, qui conviendraient davantage. Et d’autre part, qu’en est-il de la circulation déjà saturée autour de la place aux heures d’entrée/sortie des écoles ?

Mais il ne fait aucun doute que la majorité municipale cherche ici à faire d’une pierre deux coups : se parer de vertus sociales pour flatter une partie de son électorat et se débarrasser une bonne fois pour toutes de la salle de l’Avenir.

Ce que nous défendons, ce n’est pas seulement un espace auquel on tient, c’est aussi une certaine idée de Brest. Aussi, le collectif pas d’avenir sans Avenir, fort de ses soutiens dans le quartier, et au-delà, n’entend aucunement baisser les bras. Nous continuerons à nous opposer fermement à toute entreprise de démolition de cet espace commun.

Vous aimez l’Avenir, venez le dire !

Nous voulons garder cet espace de vie pour notre quartier Saint-Martin !

La ville veut implanter à deux pas de la place Guérin un « pôle social » en gestion privée, en lieu et place de la salle communale de l’Avenir, démolie sur décision de nos élus en 2010 avec la promesse de sa reconstruction !

Sur ces ruines, le collectif « pas d’avenir sans Avenir » reconstruit depuis 3 ans un lieu coopératif et autogéré. L’Avenir, aujourd’hui, c’est :

  • une salle de quartier, un espace commun et non marchand, qui se construit par les habitant·e·s, pour les habitant·e·s, et s’inscrit dans la continuité historique du lieu
  • un espace de culture populaire (discussions, projections,conférences, débats, concerts, jeux, fournées de pain etc.), de partage de savoirs et savoir-faire
  • une réponse à nos besoins d’échanges, de rencontres et de fêtes à Saint-Martin et au-delà
  • une bulle d’oxygène par l’organisation d’événements à prix libre ou gratuits
  • une lutte d’habitant·e·s et d’habitué·e·s du quartier, contre les reniements de la municipalité et les projets hors-sol qu’on voudrait nous imposer

Pour forcer la mise en place de son projet, la mairie socialiste annonce, au dernier moment, une réunion publique de présentation du projet le mardi 18 Décembre, 18h30, à l’école Guérin.

Nous appelons les personnes souhaitant que ce lieu continue à vivre, à y venir exprimer leur désaccord, à contester ce nouveau projet de gentrification mais aussi à témoigner de leur participation à ce lieu de vie.

Pour info, il y a trois ans déjà, s’était aussi déroulée en catimini, la réunion publique de présentation du projet résidentiel privé Lamotte sur le même site.

Non, nous ne sommes pas contre l’idée d’un « pôle social » dans le quartier ! C’est déjà le quotidien de l’Avenir ! Et, sans la lutte lancée par le collectif il y a 3 ans, cet espace aurait été abandonné à un projet immobilier privé ! La priorité de la mairie n’était pas alors à un pôle social ! Leur volonté politique actuelle semble surtout de mettre fin à l’aventure de cet espace libre qu’est « l’Avenir ». Au fil des ans, l’Avenir fait ses preuves et se définit/s’inscrit comme un lieu collectif commun, unique, nécessaire, utile et indispensable à la vie du quartier et bien au-delà…

Oui, il y a des alternatives : il existe dans le centre-ville ou même dans le quartier une multitude d’autres espaces dont la mairie dispose pour ce « pôle social » et ses nombreux projets de bétonnage. Alors venons le dire à nos élus :

« Laissez-nous notre espace de vie collective à l’Avenir »

Un quartier se construit avec et par les habitant·e·s, usagers et plus…

Il continuera d’en être ainsi !

Soyons nombreux et nombreuses à venir défendre notre Avenir et ses arbres centenaires !

Collectif Pas d’avenir sans Avenir — avenir-brest.fr

Des nouvelles de Marseille

Le 16 novembre dernier, nous organisions une belle fête à l’occasion des 3 ans de reconstruction de la salle de l’Avenir.

Cette soirée était également l’occasion de faire un peu de soutien pour nos
camarades de l’assemblée de la Plaine à Marseille.

La soirée a été un succès, et nous avons pu verser 800e pour aider les personnes inculpées pour leur résistance au projet de « requalification » de cette place emblématique de Marseille.

Soupe de colère(s) from primitivi on Vimeo.

Solidarité portuaire et populaire !

PLAINE GUEULE !

En juin dernier, nous avions accueilli les collègues de l’Assemblée de La Plaine de Marseille, lors de l’anniversaire des 15 ans de CQFD, journal de critique et d’expérimentation sociale. Nous avions échangé à propos de la résistance face à la gentrification de nos quartiers.

À Marseille, le quartier de la Plaine est frappé par un projet dit de « requalification urbaine », ou « montée en gamme ». En d’autres termes, chasser la plèbe et ses pratiques coutumières qui ne rentrent pas dans le cadre de la carte postale de la spéculation immobilière et touristique. Marseille et Brest, métropoles portuaires et populaires, subissent la même logique marchande caractérisée par l’uniformisation urbanistique comme arme de destruction massive des liens sociaux. Projets imposés, politique de la table rase de l’existant, flambée des prix de l’immobilier au profit d’hypercentres aseptisés et minéralisés où la flânerie, le jeu et autres usages désintéressés n’ont guère droit de cité.

Mardi 16 octobre, plusieurs arbres de la place Jean Jaurès, haut lieu phocéen du marché forain populaire condamné par le projet, ont été massacrés. Ceci grâce à l’appui violent de nombreuses forces de l’ordre faisant face à l’impuissance, la tristesse et la rage des gens du quartier. En 2004, à Brest, un plan controversé d’abattage des arbres de la place Guérin avait été fermement combattu et abandonné sous la pression des habitants et habitués de cet espace public. Une piqûre de rappel à la vigilance s’impose…

En hommage symbolique et solidaire à la résistance marseillaise, une banderole a été installée entre deux arbres de la place. Le collectif brestois « Pas d’avenir sans Avenir » affirme ainsi son soutien indéfectible aux luttes pour des villes vivantes, populaires et à échelle humaine.

Le Collectif « Pas d’avenir sans Avenir »
Brest, le 17 octobre 2018.

Une crèche à l’Avenir ?

«L’avenir n’existe qu’au présent.»
Scutenaire Louis, 1905-1987,
Mes inscriptions II, Bruxelles 1976

La lecture de la presse locale cet été 1 nous aura au moins renseignés sur les intentions de nos édiles concernant le site de l’Avenir. Une crèche ! C’est urgent, nous dit-on. Peut-on décemment s’opposer à un projet de crèche ? À propos, s’agit-il seulement d’être contre ? La manœuvre a déjà été utilisée par d’autres municipalités afin de chasser du paysage des activités sociales et culturelles largement partagées (cf. le marché de Noailles, à Marseille, la salle de La Cité, à Rennes, ou une mosquée à Nice, etc.). Brest n’échapperait donc pas à la tendance. Douze ans après la décision du conseil municipal de reconstruire une salle de quartier sur le site de l’Avenir, deux ans après l’abandon d’un projet immobilier aussi ubuesque que bancal, c’est aujourd’hui un projet de crèche qui sort du chapeau !

Létude de besoin réalisée entre 2003 et 2005 auprès des structures associatives du quartier a souligné la nécessité d’un lieu de vie proche de la place Guérin. En octobre 2015, les décideurs municipaux ont préféré s’asseoir sur le résultat de cette étude, qu’ils avaient pourtant commandée, et céder le terrain de l’Avenir à un promoteur immobilier privé. Après neuf années d’inaction, ce sont donc les habitants, en tête, qui ont décidé de reprendre en main le site de l’Avenir. Ils y organisent des activités correspondant aux envies exprimées (donneries, concerts, repas de quartier autour du four à pain). Bref, ils édifient « leur » salle de quartier, palliant ainsi les reniements de la municipalité.

Depuis bientôt trois ans, l’Avenir est redevenu un espace social et de culture populaire, qui rayonne de rencontres, de partages riches et variés. Prenant à rebours un « vivre ensemble » désincarné, prôné dans les plaquettes luxueuses de la propagande glacée de la Ville, les usagers de l’Avenir  collectivement responsables – entendent bien y poursuivre cette chaleureuse aventure, pour le plaisir des petits et des grands.

Le collectif «Pas d’avenir sans Avenir» s’interroge sur le bien-fondé et la pertinence du projet envisagé :

 Quels véritables intérêts se dissimulent derrière la volonté des élus de détruire un espace dédié à l’usage commun, désormais ancré de façon pérenne dans les mœurs, us et coutumes du quartier ?

 En connaissance de cause, l’association Don Bosco aurait-elle spontanément proposé un projet de crèche sur la parcelle de l’Avenir ?

 Il existerait soi-disant une forte demande de places de crèche en centre-ville, particulièrement place Guérin. Sur quelle étude officielle de diagnostic du territoire en matière de petite enfance repose donc ce présupposé ? Les professionnels de ce secteur ont-ils été consultés ?

Un appel d’offres vient, étonnamment, tout juste d’être ouvert en juillet… Il reste encore au minimum sept mois à attendre avant de savoir quel quartier du centre-ville manque véritablement d’infrastructures destinées à la petite enfance – sachant que, selon la CAF, un tel projet n’est pas justifié place Guérin.

Pourquoi – et au compte de qui ? – a-t-on sollicité un cabinet d’architecture chargé de réaliser des plans de construction, et ce, avant même les résultats d’une quelconque étude ?

 Soucieux de l’intérêt commun, pourquoi ne fait-on pas appel au bon sens, en commençant par répertorier les terrains les plus adaptés parmi les colossales réserves foncières des organismes de la ville et de la métropole que sont BMH, BMA, SEMPI… (notamment les bâtiments laissés vacants des rues Mathieu-Donnart, Boileau ou d’Alembert, par exemple)? Ne serait-il pas plus pertinent d’envisager une crèche à proximité du PL Guérin – dont nous sommes partenaires et solidaires , et qui par ailleurs manque cruellement de locaux pour ses activités ?

D’autres questions, tout autant judicieuses, ne manqueront pas d’être portées lors d’une probable mascarade de consultation de la population de Saint-Martin – puisque, comme d’habitude, tout semble être décidé d’avance.

Bien entendu, si ce projet venait à être maintenu, il ferait très certainement l’objet d’oppositions déterminées et d’actions visant à le contrecarrer.

À suivre…

Collectif « Pas d’avenir sans Avenir », le 11 octobre 2018.
Site officiel : avenir-brest.fr