Enchantements des chantiers

Entends-tu battre ces coups de marteau ? Entends-tu le sifflement des visseries ? Perçois-tu le fin clapotis de la terre glaise ? Ne sens-tu pas le doux parfum de la paille humide ? L’humus erectus est de retour en ville !?

À peine le projet de crèche annoncé «caduc», à nouveau fleurissent les joyeuses journées de chantier collectif sur la parcelle de l’Avenir. L’orgueil de la prédation aura une fois de plus plié sous la modestie du partage. C’est le cœur de l’Avenir qui bat. Bien plus qu’une salle de quartier qui s’édifie, c’est une manière commune de vivre la ville qui s’expérimente ici.

Cinq jours durant, sur un mode éclectique – avec pour moyenne une trentaine de personnes sur site – une partie essentielle des murs de la future salle est montée, non sans rappeler cette ferveur déterminée qui s’est manifestée lors de la réunion publique de décembre dernier. Le refus de voir disparaître l’Avenir s’inscrit aussi dans sa construction.

Les yeux brillent de complicité, les savoir-faire circulent entre les mains et les esprits, on se rencontre, bavarde, s’entraide et l’humour ne manque pas à l’appel.

Les pauses repas révèlent une cantine collective généreuse et riche en saveurs, primordiale pour le retour à la tâche et le plaisir commun du banquet de fin de chantier.

L’Avenir qui se construit, c’est une réponse du vivant, une aventure collective singulière face à l’entreprise de désertification qu’opèrent uniformément les politiques urbaines des métropoles.

Nous en remettons une couche, d’enduit, un nouveau chantier s’annonce du 24 au 27 juin prochain, finition des murs : talochage, lissage, peaufinage, etc. Soyez les bienvenus !

Brest, juin 2019

Le collectif Pas d’avenir sans Avenir