À propos de l’article du journal Bikini portant sur les « squats artistiques »

Dans son numéro de septembre-octobre, le journal gratuit BIKINI consacre un article au déménagement de l’Élaboratoire, squat artistique rennais historique. Ce papier, qui traite également de l’Avenir, mérite une réponse de notre part.  Julien Marchand, journaliste et directeur de publication de BIKINI nous a sollicité au début de l’été. Nous avons décidé de décliner cette proposition par deux fois. Pourtant, monsieur Marchand s’est permis d’insister lourdement. Ignorant délibérément une décision collective, il s’est présenté à l’Avenir où il a croisé des membres du collectif et des habitués trop polis pour lui indiquer la sortie. Un tel procédé ne fait ni honneur à monsieur Marchand ni à sa profession. 

L’article fait un parallèle entre l’Avenir et des squats artistiques bretons, pourtant bien différents dans leurs fonctionnements, pratiques et objectifs. Rappelons, entre autres, que l’Avenir est une salle polyvalente, autogérée par un collectif au fonctionnement horizontal, et sans habitation.

BIKINI rapporte par ailleurs les propos de Yohann Nédélec, adjoint au centre-ville, avec lequel nous avons eu l’occasion d’échanger à deux reprises. Le collectif a lors de ces rencontres ouvert la porte à un « dialogue » concernant les perspectives du lieu. Nous ne favorisons aucun scénario à ce stade. 
 
Mais la « piste privilégiée » que livre ici monsieur Nédélec nous a pour le moins surpris, bien que nous commencions à nous habituer à son exubérante communication.  Il déclare en effet vouloir intégrer l’Avenir « au plan d’aménagement actuellement en cours place Guérin », en imaginant « un espace cogéré, construit de façon collaborative, ouvert sur la ville, un lieu de passage urbain… Un modèle qu’on retrouve dans d’autres villes européennes mais qui n’existe pas encore sur Brest. » Le tout est présenté comme un projet de « communs », une belle idée noyée dans un vocabulaire digne d’un espace de coworking. Rappelons encore une fois que l’Avenir ne sera jamais l’un de ces « tiers-lieu » qui à Paris, Bruxelles ou Berlin, servent de réserve foncière tout en fournissant aux municipalités un supplément de hype à peu de frais. 

On ne peut par ailleurs qu’être préoccupés en constatant que les élus consacrent davantage d’énergie à penser le quartier à la place de ses habitant.es qu’à permettre à celles et ceux qui le font vivre d’y rester. À Guérin comme ailleurs, la hausse des loyers et l’emballement de l’immobilier renforcent la pauvreté et le creusement des inégalités, engendrant des problèmes de logement et des situations difficiles.  Mais la municipalité semble préférer dédier ses séances de brainstorming à d’énièmes projets hors-sol, plutôt que de penser à la préservation du tissu populaire brestois et de ses solidarités.